Benoît Gouin nous en apprend davantage sur son rôle dans le film Les hommes de ma mère
Laurie Mongrain
7/19/2023


Le 24 juillet dernier, dans le cadre du visionnement de presse du film Les hommes de ma mère qui prendra l’affiche dès le 4 août prochain, nous avons eu l’honneur de nous entretenir avec plusieurs des acteurs principaux, dont Benoît Gouin.
Interprète du personnage d’Yves, ce dernier était particulièrement fier du travail accompli par l’ensemble de l’équipe et reconnaissant d’avoir eu l’opportunité de participer à ce premier long-métrage d’Anik Jean, aux côtés de collègues d’exception. Bienveillant et ouvert au monde, cet artiste de grand talent nous a confié son ressenti à la suite de l’écoute du résultat final. Il a également développé sur son personnage, puis abordé sa vision du projet dans sa globalité.
Crédit photo : Laurence GB
Premièrement, présente-nous ton personnage.
Moi, mon personnage, il s’appelle Yves. C’est un des hommes de la mère d’Elsie et c’est un personnage qui est très différent de tous les autres. Ce sont cinq hommes complètement différents d’ailleurs. On connaît moins le père ; l’un des pères [Robert] en fait, puisque c’est le fils [Gaby] que l’on connaît.
Enfin, si je résume rapidement, ma catchphrase par rapport à mon personnage, c’est : « un rockeur au cœur tendre ». C’est vraiment ça. Yves, c’est un gars de bicycle, un gars de bar. On peut croire qu’il a une carapace, qu’il est rough et qu’il joue dans les ligues un peu solides avec sa femme qui est interprétée par Sandrine Bisson qui m’a fait tellement rire. Et puis, il est carré. Il est rough.
Par contre, rapidement, on voit que c’est un homme qui est à fleur de peau. Il a une grande vulnérabilité. La présence d’Elsie dans sa vie a réveillé chez lui un désir d’avoir des enfants. Ça a créé des conséquences par rapport à sa relation avec la mère d’Elsie.
Alors, c’est un personnage qui, tout comme les autres personnages… Il n’y a pas un des hommes de sa mère qui est quelqu’un qu’on ne voudrait pas rencontrer. C’est tous du bon monde, de bons gars. Ils ont un univers complètement différent à proposer. Sa mère était une personne flamboyante, c’était une actrice. Elle avait une personnalité vraiment multifacettes et on le voit à travers les rencontres qu’elle a faites, les hommes qui ont partagé sa vie. On comprend qu’elle n’avait pas de genre en particulier.
Mais tous ces hommes-là, ils ont un bon fond. Ils ont un bon fond, puis c’est un beau cadeau, je trouve, de la part de la mère d’Elsie de lui dire : « Fais ce petit voyage-là avec les cendres puis retourne voir tes beaux-pères ». Je trouve que chacun a une clé qui permet de désamorcer la colère d’Elsie, qui permet de désamorcer ses frustrations.
C’est beau aussi, de voir que c’est la rencontre avec ces beaux-pères-là qui font en sorte qu’elle est capable de pardonner à son père biologique. C’est vraiment un beau film, extrêmement lumineux. Je suis très content de faire partie de cette lumière que porte le film.


Quelle est la plus forte ressemblance entre vous ?
Je suis quelqu’un, moi, qui suis comme un peu retiré. Je peux lui ressembler dans le sens que c’est un personnage qui est sauvage quelque part. Il vit dans sa roulotte, dans son camion, puis il peut fermer son bar 2-3 mois et partir. That’s it; il va rouvrir son bar quand il le décidera. C’est donc quelqu’un qui est sauvage. On sent une vulnérabilité, on sent qu’il est à fleur de peau. J’ai ça. Moi, j’ai ce côté plus sauvage même si je suis dans un métier de représentation. Des fois, je suis désireux d’être en retrait, d’être un peu dans l’ombre. Comme lui. Quand il se fait demander d’être pris en photo, il ne comprend pas trop. Ça l’intrigue, mais c’est loin d’être naturel chez lui. J’ai un peu ce côté-là moi aussi. Cette sensibilité-là, je la porte puisque je l’ai mise dans le personnage.
Et la plus grande différence ?
Je ne suis pas un gars de bar. Ce n’est pas moi ça (rires). Je ne suis pas un gars de bar, je ne suis pas un gars de bicycle. J’ai cependant son côté rock, son côté cru. Ce côté sauvage que demande le personnage.


Comment se sont passés les tournages pour toi ?
Ça a été merveilleux ! Dès le premier téléphone d’Anik, après une minute de conversation, je savais que je le ferais. J’avais lu le scénario et j’avais été touché. J’aimais que ce personnage-là soit un personnage campé dans un casting qu’on ne m’offre pas beaucoup. On ne pense pas à moi nécessairement pour ça, donc j’aimais ça. C’était un défi. En plus, avec cette hypersensibilité du personnage, je trouve qu’il s’ouvre par rapport à quelque chose très, très rapidement avec elle. Avec Elsie. Ça, je l’ai senti.
Autant j’ai senti cette ouverture-là de mon personnage, autant je l’ai sentie chez Anik en lui parlant. En une minute, je me suis dit : « OK, ça, c’est quelqu’un avec qui tu n’as pas besoin de faire du slalom pour te rendre au cœur. » C’est quelqu’une qui est dotée d’une grande transparence, d’une grande simplicité. C’est une amoureuse, une passionnée. Elle est aussi très humble, très au fait que c’était son premier long-métrage. Mais, de par son énergie, c’était fluide.
Tu regardes l’équipe qui a été rassemblée autour d’elle… Elle a rassemblé une équipe hallucinante, puis tu n’as d’autres choix que de faire : « Oh, wow ! » Elle va dire : « J’ai été tellement entourée par du bon monde puis par des comédiens et tout ça », mais, en même temps, c’est elle qui a fait qu’on a voulu être là. Parce qu’elle porte ça. Elle porte cette lumière-là, elle porte cette passion-là. Elle porte ce désir de créer. Son plaisir est contagieux puis elle donne une grande liberté aux comédiens pour jouer.
J’ai eu un gros coup de cœur aussi avec Léane Labrèche-Dor, ça a été merveilleux. On rit encore, on est encore en contact. Évidemment, Marc [Messier], c’est un ami qui me fait rire. C’est une des personnes qui me font le plus rire au monde, je dirais. Colm Feore que j’ai découvert. Avec sa carrière, il pourrait en imposer puis en jeter, mais du tout. Du tout. Anne-Marie Cadieux, Sandrine qui m’a tellement fait rire. Ça a été merveilleux. Ce sont des tournages qui ont une aura magique, ça a été un maudit bon tournage.
Quelle a été ta scène préférée à tourner ? Et pourquoi ?
Ça a été la scène de la révélation du pourquoi je ne suis plus avec sa mère. En gros, puisque j’ai été avec sa mère et que j’ai côtoyé Elsie, ça a réveillé pour moi un désir d’avoir des enfants. Il a donc fallu que je sacrifie mon amour pour sa mère pour avoir un enfant, puisqu’elle, elle n’en voulait plus.
Cette scène-là, autant c’était une scène qui pouvait être vertigineuse, parce que c’était de livrer quelque chose d’extrêmement sensible, d’extrêmement profond, un enjeu déchirant, tragique quelque part. Tu veux être juste, tu dois être juste.
Je regardais Elsie, je regardais Léane, me donnant la réplique. Même si la caméra n’était pas sur elle, elle était toute là dans son écoute, avec la même émotion qu’elle avait lorsque la caméra était sur elle. Alors, je dirais que cette scène la pour moi, elle est importante parce que c’est la qu’on touche au cœur du personnage.
Mais tout ce qu’on a fait dans la roulotte, où on prend un coup et tout ça, c’était super. C’était super amusant pour l’ambiance. Sauf que cette scène-là, où on accède au cœur même du personnage de Yves, je l’ai beaucoup aimée puis ça s’est bien fait.


Finalement, quels sont les projets qui s’en viennent de ton côté ?
Je n’ai pas de projets concrets pour le moment dont je peux parler. Je dirais juste que je suis à l’aboutissement, avec la promotion de ce film-là, d’une série de projets qui m’a rendu fier. J’ai été vraiment choyé pendant la pandémie. Je n’ai jamais autant travaillé. J’ai fait trois séries, trois films. J’ai fini L’heure bleue. J’ai fait la troisième saison de La Faille. J’ai fait une série très importante intitulée Larry sur laquelle j’étais présent à tous les jours de tournage pratiquement. Puis un film, que j’appelle affectueusement les tricheurs, Crépuscule pour un tueur avec Éric Bruneau. Enfin, celui-là finalement, Les hommes de ma mère, qui est comme l’aboutissement de ce que j’ai vécu moi, de façon privilégiée en pandémie parce que ce n’était pas tout le monde qui travaillait. Je dirais donc qu’en ce moment c’est plus tranquille, c’est bienvenu (rires). Je prends une pause. Un peu de ressourcement, ça fait du bien ! Il n’y a rien de concret dont je peux parler, mais je dirais qu’en ce moment, ça va bien.
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