Découvrez Marie-Mai, Immuable

Laurie Mongrain

2/26/2023

Marie-Mai célèbre ses 20 ans de carrière avec une prestation percutante dans laquelle elle revisite avec un regard neuf ses plus grands succès, en plus d’offrir deux nouvelles chansons en primeur.

Q1 : 20 ans de carrière déjà ! Être encore là, après tout ce temps, qu’est-ce que ça représente à tes yeux ?

Marie-Mai : C’est un peu irréel, parce que, d’un côté, j’ai l’impression d’avoir commencé ma carrière hier, mais de l’autre, ce n’est vraiment pas hier. Ce n’est ni loin ni près. Mais je suis juste fière en fait. Je suis fière d’être encore là, aussi cliché que cela puisse paraître. Il y en a eu des moments de remise en question, des périodes où je me demande « qu’est-ce que je fais ? ». Finalement, tu avances de 20 ans, puis je suis comme : « Non seulement je suis encore là, mais j’ai encore autant de plaisir à faire ce que je fais ». Je continue à repousser mes propres limites et à mettre des cordes à mon arc, puis ça, je trouve ça intéressant aussi de faire : « Je ne suis pas encore blasée (rires) ». C’est le fun, il y a beaucoup de fierté !

Q2 : Tu as l’habitude d’être vraie, entière, et le documentaire ne fait pas exception à la règle. Cependant, c’est rétrospectif et tu n’as eu que deux jours pour livrer un tel résultat. Alors, avais-tu des appréhensions reliées à ça ?

M-M : En fait, c’est toujours de… Ah mon dieu, je me fais penser à ma fille (rires) ! Parce que, ma fille cette semaine, je lui demandais si elle allait être gênée, puis elle m’a répondu « Non, je ne vais pas être gênée ; je vais être excitée ! » Moi, ma réponse, c’est que j’étais excité de ça, mais c’est tout en sachant que je le sais que c’est extrêmement confrontant quand tu vois quelqu’un s’assumer autant. Que ce soit dans le rock, dans le pop ou dans la vulnérabilité, il y aura toujours des gens pour critiquer, pour dire : « c’est trop ci, c’est trop ça ».

Tu peux décortiquer ce que je fais de toutes les façons que tu veux. Si tu veux voir juste une version de moi, tu peux juste voir celle-là. Si tu décides de voir toutes les versions de moi, je pense que tu vas avoir une meilleure expérience. Et c’est là que tu peux te permettre d’être vraiment toi dans toutes tes facettes, quand elles sont toutes exprimées. Si j’avais juste fait un projet pop, je ne serais pas allée full out à ce niveau-là, mais je veux embrasser chacune des facettes de qui je suis, puis c’est ça qui me permet d’aller aussi loin.

Et la danse, pour moi, c’est un autre défi de plus. Les gens pensent que ça me vient naturellement et que je danse parce que, clairement, j’apprends vite. Mais ce n’est tellement pas ça ! Moi, j’aime danser quand j’invente mes mouvements, mais s’il faut que je fasse une chorégraphie, c’est de la job (rires). Cependant, il y a quelque chose d’extrêmement satisfaisant aussi dans le fait de performer et de pouvoir dire comme : « OK, j’ai répété tous les soirs cette semaine, puis quand est venu le temps de filmer, j’ai réussi ! »

Donc, moi, je le vois vraiment comme un autre défi personnel. Ce n’est vraiment pas parce que c’est facile à faire. « Pour toi », la nouvelle chanson, c’est un plan séquence, donc il n’y a aucun montage. Ce n’est pas juste de danser ; c’est de danser du début à la fin de la toune sans te tromper (rires) ! Mais c’est le fun, c’est aussi ça qui fait en sorte que je continue à avoir du plaisir et à sentir que j’apprends, que ce n’est pas redondant et répétitif. Vraiment, quand la barre est là, je veux essayer d’aller encore plus loin.

Entourée de ses musiciens, de danseurs et d’invités surprises, l’artiste raconte son parcours en trois actes qui révèlent les nombreuses facettes de son art. D’abord avec un rock très cru, on la découvre ensuite plus acoustique et introspective, pour finalement laisser ressortir son côté pop. Ponctuée de moments intimes en coulisses, cette mise en scène à la fois audacieuse et authentique dévoile une Marie-Mai sous un autre jour, à la croisée du passé, du présent et du futur.

Q3 : Il y a quelques invités surprises dans le documentaire. En quoi était-ce important pour toi de collaborer avec les musiciens qui étaient là au début de ta carrière ?

M-M : Écoute, ça s’est fait tout seul. Littéralement. On a commencé à parler de ce projet-là, puis dès qu’on est venues avec France [France-Aimy Tremblay, productrice exécutive chez Roméo et Fils] au point de commencer avec les premières tounes, j’étais comme : « Je ne peux pas faire ces chansons-là sans eux ». C’est eux qui étaient là. Ça n’aurait pas été aussi authentique si j’avais pris de nouveaux musiciens. Je me suis dit : « Tant qu’à le faire, aussi bien se réunir toute la gang, puis utiliser ceux qui étaient là quand j’ai vécu cette période-là » ! C’est vraiment le fun ! C’était comme s’il n’y avait pas de temps qui s’était passé. Dès que j’ai revu la gang, dès que j’ai revu Max [Maxime Lalanne], Robert [Langlois] à qui je continue de parler une fois de temps en temps et Guillaume Marchand aussi, de revoir Max et [Guillaume] Doiron, j’étais comme « Okay, mon dieu, c’est tellement agréable ! » Les jokes sont toutes revenues, c’était vraiment comme s’il n’y avait pas eu de temps qui s’était passé.

Q4 : Parmi ton répertoire, quelle est la chanson qui te rend la plus fière, qui est la plus marquante à tes yeux ?

M-M : Il y en a plein (rires) ! Mais si j’essaie d’être difficile, je dirais, pour des raisons différentes, Conscience et C’est moi.

C’est moi, si on la voit vraiment différemment à travers ce documentaire-là, c’est un peu pour montrer la dualité entre les paroles de cette chanson-là. C’est « rien ne me déchire, rien ne vient à bout de moi », mais à quel point c’est aussi cette pensée-là de : « je suis capable, je suis capable » qui m’a aussi épuisée à un moment donné. Parce que c’est correct d’être vulnérable, c’est correct de dire : « Hé, sais-tu quoi ? Je ne suis pas capable », donc, de la montrer sous cet angle-là, C’est moi, je trouve que c’était vraiment intéressant. De démontrer comment la force peut devenir une de tes faiblesses si tu l’utilises mal.

Conscience, au niveau de l’écriture je trouve que c’est celle qui représente le plus une grande partie de ma vie. Le combat entre « Je suis capable » et « Non, tu n’es pas capable » ; « Tu es bonne » et « Non, tu n’es pas assez bonne » ; « Je pense que je vais y arriver », « Non, Marie-Mai ne sera pas capable » qui mène au « Non, c’est vrai, je ne serai pas capable ». À quel point ces pensées-là ont pris de la place dans ma vie ! Quand j’ai écrit cette chanson-là, c’était vraiment pour moi. Comme C’est moi pour laquelle les gens me remercient, me disant que ça les a aidés à prendre confiance en eux. Tandis que j’avais besoin plus de quiconque d’écrire cette chanson-là pour moi. L’écriture, c’est ça, c’est moi que j’aide d’abord et avant tout. C’est moi qui ai besoin d’entendre ces paroles-là, donc ces deux-là sont vraiment très personnelles pour moi.

Q5 : D’ailleurs, les chansons sont dépeintes sous forme de tableaux dans le documentaire…

M-M : Oui, c’est vraiment ça ! C’est des tableaux, c’est vraiment des univers différents. Dans le bout en noir et blanc, je trouve ça super intéressant qu’il n’y ait rien. Il y a juste des jeux de lumière, c’est tout épuré. Ce n’est pas redondant ni répétitif, mais ça laisse toute la place au vide en fait ; au vide que j’ai senti quand j’étais aussi dans cette remise en question là. Le vide qui fait peur, mais qui est aussi là où on est capable de se re-grounder.

Q6 : La semaine dernière, tu as lancé Pour toi, un premier extrait de ton prochain album. À quoi peuvent s’attendre les auditeurs en ce qui concerne les autres pièces musicales qui s'y trouveront ?

M-M : J’ai vraiment envie de mélanger tous les styles ! De faire de petites incursions dans le rock, de faire des trucs pop. De ne pas avoir peur de pousser chacune des chansons, puis de les faire à 300 %, ne pas essayer de rendre ça homogène nécessairement. On y va all out, puis je le fais de façon assumée. Je pense que « assumée » c’est le mot qui décrira le mieux mon prochain album.

Q7 : De quelle manière souhaiterais-tu que Marie-Mai, Immuable impacte ceux qui le regarderont ?

M-M : C’est une très bonne question. Je n’ai pas tant d’attente que ça. Un moment donné, je pense que c’est juste sain de ne pas avoir trop d’attente, parce que je ne fais pas un projet en ayant un résultat en tête. Moi, je le sais qu’il était important pour moi à faire. Si je n’avais pas fait ce documentaire-là, je ne suis pas certaine que j’aurais été bien bien inspirée pour mon prochain album. C’est vraiment de me retrouver dans cette patente-là où je performe. J’aime tellement ça encore, puis ça m’a vraiment réinspirée pour la suite des choses.

Donc, après ça, ce que les gens en retirent, j’espère que ça va les inspirer à réaliser tout ce qu’ils ont envie de réaliser. Pour nous, ce projet-là, il était impossible à faire. Je veux dire : ça n’existe pas des projets comme ça au Québec pour 1 milliard de raisons. Pour des raisons monétaires, des raisons de temps. Surtout qu’il a été tourné en 2 jours ! Ce n’est pas tout le monde qui se dépasse pour arriver à faire ça. Mais, outre les chansons, j’espère que les gens vont retenir qu’on est capable de faire tout ce qu’on veut faire, si on met toute notre énergie dans un projet ; peu importe que ce soit un projet musical, un projet visuel. Tant que c’est un projet qu’on a envie de faire, peu importe le milieu, peu importe ce qu’on fait, je pense qu’il faut d’abord croire qu’on est capable d’y arriver.

Q8 : Est-ce qu’il y a un apprentissage de Star Académie qui te suit encore aujourd’hui ?

M-M : Il y a tellement de choses. Écoute, Josélito Michaud avait des paroles en or. Lui, il disait tout le temps : « Avant de chanter, d’interpréter une chanson de quelqu’un d’autre, fais juste la lire. Essaie de comprendre ce que tu chantes. » Parce que c’est facile pour un chanteur de faire : « ta-da-da-da-da-da », et de ne pas savoir ce que tu chantes. Vraiment, lire. Essayer de comprendre les mots que tu chantes pour essayer de les interpréter et que ça puisse résonner avec les autres en le contant d’une façon qui est authentique. Il avait aussi un autre truc, il disait : « Prends le contrôle de la scène avant de faire un show, enlève tes souliers, marche nu pied sur la scène ; fais tous les recoins de la scène, c’est ton espace, c’est à toi, maîtrise-le. Puis, après ça, quand tu arrives le soir, tu connais déjà ton stage. » Ça, je le fais encore à ce jour. Je me promène encore sur le stage, j’ai encore le petit rituel de « Ce soir, on va faire un bon show ! » C’est mon ami le stage (rires).

Q9 : Parmi tout ce qui nous a été présenté aujourd’hui, de quoi es-tu la plus fière ?

M-M : Je suis fière de toute l’équipe qui ont travaillé dessus, parce que moi, ce que je fais, c’est une infime partie de ce que vous avez vu. Le résultat c’est l’éclairagiste, c’est le monteur, c’est le coloriste, c’est les différents caméramans, c’est la direction, le D-O-P, la direction photo, c’est les techniciens au son. Pour vrai, c’est TELLEMENT de gens qui sont impliqués dans quelque chose comme ça. C’est vraiment un triomphe d’équipe, donc c’est ça qui me rend fière, de voir que quand tout le monde avance dans le même sens, qui ai le même objectif et que tout le monde s’y met à 300 %, nous sommes capables de faire de grandes choses.

Q10 : On a pu entendre des versions plus épurées de certaines de tes chansons dans le documentaire, un peu comme tu faisais dans ton spectacle acoustique. Est-ce qu’on pourra les entendre ailleurs ?

M-M : Pour le moment c’est exclusif au documentaire. C’est sûr que nous aussi on y pense, les versions sont tellement belles avec des violons et tout ça. On va voir si la demande est là, mais c’est sûr qu’il y aurait la possibilité de sortir ces versions-là aussi.

Q11 : Finalement, nous te souhaitons quoi pour les 20 prochaines années (rires) ?

M-M : Plein de surprises ! D’avoir autant de fun à faire ce que je fais.

Laurie Mongrain

Journaliste

Karina Dionne

Photographe

Malorie Clairoux

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