[FestiVoix 2023] Bienvenue dans l'univers de Stéphanie Bédard

Laurie Mongrain

7/11/2023

Dans le cadre de sa présence à la trentième édition du FestiVoix, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec l’auteure-compositrice-interprète et entrepreneure Stéphanie Bédard.

Ayant fait ses débuts à Star Académie, participé à plusieurs concepts musicaux et enregistré plus d’un album, notre conversation nous a permis d’en apprendre davantage sur qui est l’humaine derrière l’artiste multifacettes et la femme d’affaires, propriétaire de la boutique Belle sans artifice.

Pour sa prestation sur la scène de la vieille prison de Trois-Rivières, cette dernière promettait de magnifiques instants : « Ça va être un beau petit moment, on va transporter un bord de lac à côté de la prison. » Elle souhaitait apporter de la paix, du réconfort à son public. « Je pense que ça va être très, justement, apaisant, bienveillant. Ça va être tranquille. Ça va faire du bien, parce que, comme je disais, le bruit est marquant dans la vie. Quand il y a des explosions, des feux d’artifice, on se rappelle de ces moments-là, mais dans les moments un petit peu plus intérieurs aussi, on s’en rappelle. La communion de tout ça, c’est beau. »

« Les gens peuvent s’attendre à quelque chose d’apaisant, de bienveillant, puis qui fait du bien. Quelque chose d’enveloppant, de chaleureux, nous a confié celle qui a brillamment réussi à livrer ce qu’elle espérait. »

Premièrement, pourrais-tu me parler de ton parcours entre aujourd’hui et le moment où naît ta passion pour la musique ?

Oh, mon Dieu ! Ça fait longtemps (rires). Moi, j’ai commencé à faire de la musique professionnellement à l’âge de 17 ans. Je faisais… En fait, toute ma vie, j’ai fait beaucoup la musique des autres. Ça fait quand même peut-être 7 ou 8 ans que je fais ma musique à moi aussi. J’ai fait des télé-réalités de musique, genre Star Académie au Québec. J’ai participé à The Voice en France. J’ai fait Robin des bois, en France aussi, qui est un gros spectacle. J’ai fait Notre-Dame de Paris en Asie et au Liban, je me suis beaucoup promenée. Là, j’ai 40 ans, ça fait quand même 23 ans que je fais ça. Mettons, quand je regarde les jeunes aujourd’hui, je suis comme un peu jalouse. Ce n’est pas de la jalousie malsaine là, mais j’aurais aimé ça, quand j’ai commencé, faire ma musique, avoir cet élan-là ou avoir l’ouverture des gens à entendre ça.

J’ai quand même eu la chance de vivre puis d’être capable de manger grâce à la musique tôt. C’est cool, mais on dirait que je fais le parcours inverse de tout le monde (rires), c’est-à-dire de faire les tounes des autres puis, après ça, de faire les miennes, tandis que j’aurais dû faire les miennes dès le départ. Mais c’est ça, c’est mon parcours. J’ai donc fait vraiment beaucoup de trucs différents, parce que je suis quand même assez versatile vocalement, et ça m’a servi. Puis là, on dirait qu’avec les années, ça se resserre un peu. Il y a des affaires que j’ai plus envie de faire. En ce moment, ça se resserre surtout vers ma musique à moi en fait.

Justement, avec le recul, qu’est-ce que ta participation à Star Académie va avoir changé dans ta carrière, voire dans ta vie en général ?

Évidemment, j’ai pu vivre de la musique tôt à cause de ça. C’est sûr que ça m’a donné comme un élan. Au lieu de faire des bars à 300 $, qui est d’ailleurs le même cachet aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Faire des bars à 300 $, à un moment donné, tu te rends compte que, même si tu joues 5 jours par semaine, je veux dire, tu ne fais pas une année de débile mental. Alors, c’est sûr que Star Ac, ça m’a ouvert les portes d’une certaine notoriété. On me reconnaissait, ce qui fait que déjà, j’étais capable d’avoir accès à d’autres genres de spectacles auxquels je n’aurais peut-être pas eu accès si je n’avais pas fait ça.

Quel sentiment as-tu sur scène, de voir les gens embarquer dans ton univers ?

Un sentiment de liberté, en fait, parce que là, moi, j’ai une entreprise de savons aussi. J’ai tout le temps été impliquée dans plein, plein, plein d’autres affaires. Quand j’arrive sur la scène, je me sens libre, je me sens en vacances si je peux dire (rires). C’est comme la place où tout le travail en amont a été fait. C’est l’endroit où on s’amuse puis où c’est le temps d’avoir du fun avec les gars ou les filles, tout dépendant quels sont les musiciens qui sont là, toute l’équipe.

Ce qui est le fun aussi, c’est que cette liberté-là t’amène à pousser un message aussi. Moi, je suis quelqu’un qui a envie de dire certaines choses, de prôner des valeurs comme, justement, cette liberté-là ou cette confiance envers la vie, qu’on a tout ce qu’il faut pour réussir, puis de s’aimer comme on est. Que ce naturel-là, il est important dans la vie. On est beaux comme êtres humains. L’humain est complexe, mais il est beau. J’ai donc cette liberté de transporter ces messages-là.

On sait que tu as participé à plusieurs projets, et ce dans différents contextes. Si tu avais à en nommer un seul dont tu es particulièrement fière, lequel serait-ce ?

Oh, c’est une bonne question ! Il y a plein d’affaires. C’est récent, mais je pense que ç’a vraiment été le dernier album qu’on a fait, avec Pilou puis Georgette.

Je crois qu’on est un peu la somme de ce qu’on a fait, que nos dernières expériences sont toujours celles qui nous ont fait le plus évoluer. Sur ce projet-là, j’ai enfin pu m’asseoir puis écrire, comme je voyais c’était quoi faire de la musique. Quand j’étais jeune, c’est ça que je me voyais faire. Tu vas me dire que je le fais tard, j’avais 38-39 ans, mais je pense que c’est ça qui est le plus marquant, dans le sens que j’ai enfin pu m’asseoir pour prendre le temps de tout faire, la composition, l’écriture. C’est quelque chose que je voulais avant, mais que je pouvais faire juste par petits bouts, puisque je me devais de porter plusieurs autres chapeaux en même temps. Là, j’ai vraiment pu me concentrer là-dessus.

La pandémie, en plus, a frappé pendant qu’on écrivait, donc il y avait vraiment juste ça à faire. Je pense que c’est ce qui m’a rapproché le plus de : « comment je voyais ce que c’était de faire de la musique ». C’est ce qui m’a transformé, qu’on le veuille ou non. À partir de là, je vois qu’il y a cette possibilité-là de plus, puis cette liberté-là d’écrire enfin ce que j’ai envie de dire.

Es-tu satisfaite des commentaires que tu as reçus jusqu’à maintenant concernant cet album-là ?

Vraiment ! Moi, mon but avec ça, c’était vraiment comme de me poser puis de prendre un moment plus calmement.

Ça fait quelques années que j’habite sur le bord d’un lac ou d’une rivière. Ça fait comme 7 ou 8 ans que je suis dans le bois, puis j’avais envie de transporter cette vibe-là de tranquillité et d’apaisement dans la musique. Puis c’est ce que les gens me disent quand ils ont écouté l’album aussi. On se sent calme, on se sent posé, on se sent groundé. C’est un peu ça que je voulais transmettre, puis de la bienveillance aussi. Surtout qu’on écrivait pendant la pandémie. Je trouve que les gens, c’est sûr que nous, dans le bois, on le sentait peut-être moins, mais je sais qu’en ville, c’était très, très anxieux. C’était très, très pris avec de grosses émotions, de gros challenges puis un gros sentiment d’étouffement aussi. Alors, j’avais envie que ça donne de l’apaisement un peu à ce sentiment-là de stress puis d’anxiété.

As-tu une façon concrète de te préparer avant tes spectacles ?

Ah, moi, je suis vraiment easy là-dessus. Je n’ai pas d’appréhensions. Je sais qu’on va passer un bon moment, puis quand nous, nous passons un bon moment sur le stage, je sais que les gens en passent un bon aussi avec nous. Et nous, avec eux. Ce n’est plus quelque chose à 40 ans qui m’angoisse.

J’ai tout le temps un petit trac, genre : « Bon, je ne sais pas comment sera la crowd. » Le fait que j’ai chanté de plusieurs affaires aussi, puis que les gens me connaissent de différentes manières. En général, moi, j’ai toujours peur que les gens n’aiment pas ce que je vais leur offrir, que ce ne soit pas ce qu’ils attendent de moi. J’ai donc tout le temps ce petit stress-là, plus dans mes interventions. De savoir comment je vais approcher les gens, parce que j’aime ça, improviser aussi. Ce trac-là, qui me contient plus, mais sinon, musicalement et tout, on est solides, dans le sens que ça fait des années qu’on fait ça. Moi, je sais que si on a du fun, les gens vont finir par embarquer en fin de compte.

Parmi toutes celles que tu as enregistrées, quelle est la pièce que tu préfères interpréter sur scène ?

Attends un petit peu, il faut que je repasse mon répertoire. On recommence les festivals, je n’ai pas fait tant de shows, alors quelle est ma préférée ? Je pense que c’est Polarité, parue sur mon dernier album. En vrai, j’hésite entre elle et Belle sans artifice.

Ce n’est pas tant rythmé cet album-là, mais elle est un petit peu plus rythmée. Quand on arrive au bridge, ça arrête. C’est comme s’il n’y avait plus rien en dessous, puis là, je m’adresse vraiment à l’âme des gens. Je dis : « Dépose ton bouclier, laisse-moi te regarder. Ce qui importe, c’est toi. » Je trouve ça lourd de sens.

En même temps, dans la musique, il n’y a comme plus rien pour appuyer ça, alors il y a une espèce de silence dans la musique qui se sent. Les gens écoutent vraiment.

Parfois, on a tendance, pour se faire entendre, à faire beaucoup de bruit, mais le silence c’est porteur aussi. Je suis personnellement une trippeuse de silence dans les shows, de ce moment-là que tout le monde partage. Tout le monde vit un moment différent à l’intérieur, mais il y a une communion impressionnante dans le silence partagé. C’est beau de voir des gens qui sont capables d’être silencieux l’un à côté de l’autre puis de partager quelque chose ensemble. Ça me fait capoter, et on retrouve ce moment-là dans la chanson Belle sans artifice.

En ce qui concerne Polarité, on retrouve aussi ce silence imposé là, pour qu’on écoute attentivement le texte puis que l’on comprenne l’ampleur des propos.

Finalement, qu’est-ce qui te rend la plus fière d’être parvenue à arriver là où tu es dans ta carrière ?

Mon âge (rires) ! On dirait que ce n’est plus les mêmes affaires qui sont importantes. Je boque moins sur le futile, je me concentre sur l’essentiel. Je me soucie encore d’embarquer les gens avant mes shows puis je m’assure encore qu’ils me suivent, mais je ne suis plus dans le paraître, à me demander si mon habillement est correct. Je suis dans l’authenticité, et je prône l’importance de s’assumer tels que nous sommes. Dans les faits, je sais que l’acceptation se fera. Et, dans le pire des cas, si elle ne se fait pas, je m’en fous à la limite. Mais, je finis toujours par aller chercher tout le monde.

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Laurie Mongrain

Journaliste & réviseuse

Amélie Ferguson

Transcription | Questions 1-5

Alison Mathieu

Photographe

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