J’t’ai trouvée, j’te garde : un quinzième album en carrière pour Nicola Ciccone

Laurie Mongrain

3/29/2024

Nicola Ciccone effectuait hier le lancement de son quinzième album en carrière, intitulé J’t’ai trouvée, j’te garde.

Connu pour certains de ses plus célèbres titres, notamment « J’t’aime tout court » et « Ciao bella », l’artiste qui célèbre cette année ses 25 ans de carrière est toujours aussi passionné et comblé, tant par son métier que par sa vie personnelle. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec ce dernier au début du mois, afin de recueillir ses commentaires sur cet album, discuter de son lancement et aborder ses projets à venir.

Voici ce que Nicola avait à nous confier !

Comment te sens-tu à l’aube de lancer ton quinzième album en carrière ?

Comme d’habitude, j’ai les papillons, beaucoup de fébrilité. Quand on commence dans ce métier-là, on se dit, du moins, moi, c’est ce que je me disais : « en vieillissant, si j’ai encore la chance de faire ce métier-là, je vais être moins nerveux », mais, j’ai toujours le trac. Je suis toujours aussi intense. Ça fait vraiment partie de la réalité, je dirais, d’un auteur-compositeur. En tout cas, de la mienne. Ça n’enlève rien au fait que j’ai hâte de partager mes chansons, mais c’est sûr que c’est stressant. J’ai hâte par contre d’être sur scène. Je dirais que, quand je suis sur scène, je n’ai plus le trac. C’est toute l’attente qui est longue. En même temps, c’est très positif. On a lancé aujourd’hui le communiqué, donc je vois aussi toutes les chansons qui commencent à être découvertes. Ça, c’est magique, mais ça reste que c’est mon bébé artistique. C’est toujours tellement, tellement un processus à fleur de peau.

Y aurait-il une chanson sur cet album dont tu es particulièrement fier ?

Honnêtement, je les aime toutes, mes chansons. Surtout là, comme elles viennent tout juste d’être endisquées. Je ne vais pas commencer à choisir un enfant plus que l’autre (rires), on va les laisser prendre leur envol. Par contre, c’est sûr qu’il y a des chansons qui ont des messages différents, donc ça va dépendre. C’est mon 25e anniversaire de carrière, donc j’ai vraiment voulu me lancer le défi d’écrire de nouvelles chansons, de voir si j’étais encore capable après 25 ans d’écrire des chansons et de toucher les gens. Jusqu’à maintenant, il y en a vraiment deux qui sont sorties et qui ont été partagées, soit J’t’ai trouvée, j’te garde et Maman. Toutes les deux ont un très gros engouement sur les plateformes de réseaux sociaux, donc c’est très positif. Dans les deux, je rends hommage à deux femmes importantes dans ma vie, alors, c’est sûr et certain qu’elles me touchent. J’espère que toutes les autres auront la même réception, mais je suis vraiment fier de l’album au complet.

Dans quel contexte cet album a-t-il été créé, et quelles ont été tes sources d’inspiration ?

Au départ, je vais avouer que je n’écrivais pas nécessairement un album. Je ne savais pas trop. Je venais de lancer l’album de Noël, puis les tournées de Noël, ça se passe entre novembre et décembre, alors je me suis retrouvé en juin, la tournée était terminée. Elle reprenait juste novembre d’après. Ce sont de grosses tournées, les tournées de Noël ; on fait aux alentours de 25 spectacles en environ un mois. Bref, je me suis ramassé au mois de janvier, dans le nord. Dans le nord, dans les Hautes-Laurentides, j’écris beaucoup. J’ai commencé à écrire à temps perdu.

Je ne savais pas trop si j’écrivais un album, parce que c’est tellement prenant comme exercice. Je ne savais pas non plus si j’allais avoir l’inspiration, mais en février, j’ai eu la chanson J’t’ai trouvée, j’te garde qui est venue au monde. Je me sentais quand même bien dans cette chanson-là. Je la trouvais belle, je la trouvais forte. C’est une belle chanson d’amour.

Ensuite, au mois d’avril est arrivée Maman. Alors là, quand j’ai vu ça, j’ai réalisé que j’en avais deux que je trouvais vraiment fortes et à mon goût.

Puis, est arrivée La Danse, et j’ai trouvé ça assez fascinant, parce que je me disais : « voyons, je rends hommage à beaucoup de femmes, finalement, là-dedans. » Je savais aussi que 2024 allait être une année spéciale, l’année de mes 25 ans de carrière. Habituellement, quand on célèbre un vingt-cinquième anniversaire, on se rend hommage, j’ai donc pensé que ce serait le fun de le faire à l’envers, c’est-à-dire de rendre hommage aux autres (rires).

J’ai commencé à penser à ça, j’en avais déjà trois. Tranquillement, est venue au monde Chemin de Montagne qui est une chanson qui parle des régions du Québec et 24 juin, Chemin des Braves aussi, qui parle du Québec. J’ai alors cru que ce serait intéressant que je continue à rendre hommage aux gens.

Finalement, et je m’en suis vraiment rendu compte en juin, j’étais en train de rendre hommage à tous ceux qui m’ont aidé à construire ces 25 ans de carrière là. La création, ce n’est pas toujours conscient. On embarque dans un processus créatif, puis à un moment donné on se rend compte que c’est le crayon qui crée un auteur et non l’inverse. Donc, moi, j’étais en train d’écrire ça, et c’est vraiment au mois d’août que j’ai compris que j’avais assez de matériel pour proposer un album qui me semblait fort, assumé, que j’avais le goût d’habiter. C’est un peu comme ça que ça s’est fait, mais ultimement, je dirais que l’objectif et l’album sont arrivés à peu près en même temps au mois d’août. En septembre, j’ai vu que j’avais une quinzaine de chansons et que je pouvais parler en fait dans cet album-là des femmes auxquelles je voulais rendre hommage, ainsi qu’au public qui m’a aidé à me construire. C’était un peu les messages porteurs.

Tout ça, évidemment, très connecté avec la nature, car j’ai écrit la majorité de l’album quelque part, suspendu dans la forêt. Très heureux dans l’élément, dans le ciel. Je suis quand même quelqu’un qui adore la nature, et je pense qu’on l’entend aussi beaucoup dans les arrangements musicaux.

Parlant d’hommage aux femmes, ta chanson Tu es toujours là rend hommage à ta gérante. Parle-moi de la relation que tu entretenais avec elle…

Lise Richard est décédée il y a presque un an et demi. C’est certain qu’elle fait toujours partie de ma vie, de ma carrière. J’ai travaillé avec elle pendant la majorité de ces 25 ans-là. Pour moi, c’était donc important aussi de rendre hommage à cette grande femme-là, qui était ma meilleure amie, pas juste ma gérante. Elle était ma partenaire d’affaires, et on a eu tellement de plaisir ensemble. Quand je pense à tous les albums que j’ai vendus, tous les Félix, les disques d’or-platine, les milliers de spectacles, et cetera, elle était toujours, toujours là. Comme la chanson le dit. Pour moi, elle a donc été là tout au long de la création de cet album-là et elle est encore là en ce moment. Ce matin, je suis allé courir, je me préparais pour ma journée de promotion et pour les répétitions et je l’entendais me conseiller. Elle fait partie de ma vie, comme plein d’autres femmes. C’est sûr que je dirais que c’est la femme la plus importante de ma carrière, mais il y en a eu plein d’autres : Francine Chaloult (ma première attachée de presse qui est aussi partie), Laurence Labat, mais Lise est spéciale, parce que c’est la femme qui m’a appris le métier. Alors, c’est pour cette raison que je tenais à lui rendre hommage dans cette chanson-là.

Justement, 25 ans de carrière, qu’est-ce que ça représente pour toi de durer dans le cœur du public ?

C’est un immense privilège, c’est sûr et certain. De pouvoir endisquer 200 chansons, c’est énorme. Je suis donc très redevable envers le public québécois, aux quatre coins du Québec d’ailleurs. Je suis très, très chanceux. J’ai fait des milliers de spectacles, alors qu’est-ce que ça me fait ? Un immense velours, puis d’être encore capable de le faire aujourd’hui, de proposer du nouveau matériel aux gens. Aussi, je suis toujours resté fidèle à mes valeurs. Je n’ai jamais changé. Je parle de ce dont je veux parler, j’exerce le métier tel que je veux le faire en proposant mes chansons, de nouvelles chansons. J’ai beaucoup de chance. Je propose de nouveaux textes aux gens et ils sont intéressés à m’interviewer, donc c’est vraiment un beau privilège, mais je dirais aussi que j’ai travaillé fort. Je ne pense pas que je l’aie volé, on ne fait pas une carrière de 25 ans sur de la chance. Ça en prend évidemment, mais j’ai travaillé fort et je continue à travailler très fort. Je me donne plus ou moins de mérite, car ça reste ma passion, mais je suis très content et très redevable.

Outre l’album à venir, y aurait-il un projet qui t’a rendu particulièrement fier dans ta carrière ?

Tous mes albums, ce sont des projets que je pilote à cent mille à l’heure. Je les écris en entier, paroles et musique, je suis très investi. Il n’y a donc pas un projet que je pourrais nommer plus qu’un autre. C’est sûr que les gens vont s’arrêter aux Félix, aux disques platine, aux billets d’argent et j’en ai (rires), mais je dirais que même le fait d’aller à l’épicerie et rencontrer quelqu’un qui me fait un témoignage touchant, je trouve ça beau.

Aurais-tu des exemples de ces rencontres avec le public qui t’ont marqué ?

Oui ! En fin de semaine, je suis allé faire mon épicerie et il y a une dame qui m’a parlé d’Oh toi mon père. Elle était avec sa fille qui avait peut-être 16 ans et elle m’a dit qu’ils avaient utilisé ma chanson pour dire un dernier au revoir à son père. J’ai trouvé ça très touchant et ça vaut autant qu’un Félix pour moi. C’est sûr que c’est le fun de gagner un Félix ou d’aller chercher un disque platine, mais je dirais tous ces moments-là. Sinon, parfois je fais des entrevues qui sont marquantes, où les gens vont me parler d’un moment. Comme toi, tu me parles de Toujours là qui n’est pas une chanson que les gens vont nommer nécessairement beaucoup en entrevue, parce qu’ils vont parler plus de Maman, J’t’ai trouvée, j’te garde, 24 juin, Chemin des Braves ou Chemin de Montagne, et c’est parfait. Sinon, il y a des chansons d’amour, comme La Rivière ou La Danse qui ressortent. Mais ces moments-là, pour moi, ils sont aussi beaux.

Quand on me demande quelle est la chanson que j’ai le plus aimé écrire et qui est la plus importante, je réponds toujours la même chose : je ne l’ai pas encore écrite. Moi, je vais l’écrire, mais pas encore. Je continue à travailler, puis à pratiquer ce métier-là avec passion. Je ne regarde donc pas mon parcours avec l’œil de la grande nostalgie, je suis dedans (rires).

Y aurait-il un rêve artistique que tu n’as pas encore accompli ?

Il y en a plein ! Je travaille beaucoup mon catalogue, mes chansons traversent en France. Il y a la chanson Oh toi mon père qui est très passager en Europe et j’ai lancé deux disques là-bas, mais je dirais que oui. J’ai toujours pour ambition que mon catalogue peut se rendre en Europe, parce qu’on parle la même langue. Ça, c’est quelque chose que j’aimerais. Je n’ai pas pu le faire, parce que mon père était très malade quand j’avais mon contrat de disques là-bas, donc il a fallu que je revienne, mais c’est un rêve. Sinon durer, continuer à être considéré, continuer à être inspiré. Par contre, je pense que j’en ai pas mal sur ma table de travail au cours des prochains mois, je vais garder ce projet-là de côté (rires). Écrire des livres aussi, j’ai toujours le goût d’en écrire de nouveaux. J’ai été très occupé avec ce projet-là, mon amour premier reste la musique, mais oui, écrire des livres et je dirais que le projet que j’ai le plus hâte de monter, c’est vraiment la tournée. Cet album-là, on va le lancer le 28 mars au Ministère de Montréal. Ça va être le premier spectacle. J’ai hâte de commencer à monter le spectacle. On va aller faire l’Ordre vocal le 28 juin à Trois-Rivières, on s’en va au Saguenay, on va aller un peu partout au Québec, dont à Québec, dans le Bas-du-Fleuve aussi au mois de mai. Cet automne on va continuer à se promener. Le spectacle de noël, on a déjà une quinzaine de dates de confirmées. Bref, je dirais que ça, c’est la passion ultime. Moi, j’aime écrire les chansons, mais quand je les écris, je m’imagine déjà sur scène. Donc, c’est d’aller les faire devant public et d’aller connecter avec les gens que j’ai le plus hâte comme projet présentement.

Que réserves-tu au public d’ailleurs pour ce lancement ? À quoi les gens peuvent-ils s’attendre ?

On fait quelque chose de spécial, parce que d’habitude, les lancements, on fait trois chansons et après, c’est le festival de la poignée de main, du pique-assiette et on boit des verres de vin. C’est bien le fun, mais pour le public, c’est moins ça qu’ils veulent, donc on a invité quand même du public à ce lancement-là. Il va y avoir beaucoup de médias, mais il va quand même y avoir du public. On leur fait vraiment une relecture de l’album, mes musiciens et moi. On fait donc les douze chansons, on va toutes les faire. On les fait toutes une par une, parce que c’est aussi pour ça qu’on fait ça, l’esprit des chansons. Après ça, on fera de la relation de presse (rires), mais on commence par les vraies affaires. On commence avec la musique, alors je leur réserve un spectacle intimiste. Il va y avoir deux musiciens avec moi, et il va être capté. On le filme, donc les gens vont faire partie de ça. Ça va être un moment assez magique. Ensuite, on va évidemment commencer à faire des spectacles tranquillement, en rodage partout au Québec. À l’automne, on va faire la tournée.

En terminant, as-tu des rituels avant de monter sur scène que tu risques d’effectuer le fameux soir du lancement ?

J’en ai plein, je suis quelqu’un d’assez superstitieux avant de monter sur scène. Il y en a que je ne dis pas, parce que je ne veux pas que ça me porte malchance, mais parmi ceux que je peux dévoiler et qui sont simples, c’est que j’essaie de m’isoler quinze minutes avant de monter sur scène. Ça, c’est très dur à faire lors des lancements, parce qu’on a beaucoup, beaucoup d’entrevues, mais c’est un rituel simple de rentrer dans ma bulle. Avec mes musiciens, je vais les serrer, on va se rappeler pourquoi on fait ce métier-là, et c’est pour avoir du plaisir. On est évidemment contents quand il y a des caméras, des médias et du public, mais il faut se souvenir du but. On appelle ça jouer de la musique, et non subir (rires). C’est un jeu et il faut rester dans l’esprit du jeu, du divertissement. Ça, c’est l’un des rituels. Sinon, je vais prendre le temps aussi de repasser l’ordre des chansons pour être certain de ne pas être trop désorienté quand je monte sur scène. J’en ai plein. De petits rituels, j’en ai tout le temps.

Finalement, rappelons que l’auteur-compositeur-interprète reprend la route dès cet automne avec ce nouvel album, sillonnant les quatre coins du Québec pour offrir son spectacle au public. Si vous désirez assister à l’un d’entre eux, hâtez-vous de vous procurer vos billets. En effet, vu son talent, ils risquent de s’envoler rapidement.

Crédit photo : courtoisie

Laurie Mongrain

Journaliste

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