Le franc succès qu'est Symphorien touche à sa fin
Laurie Mongrain
7/2/2024


Après une tournée de deux ans, la pièce de théâtre Symphorien s’apprête à tirer sa révérence.
Symphorien s’est avéré un véritable succès. Réunissant une équipe chevronnée et réputée dans le milieu de l’humour, ce projet a su plaire à un public de tous âges. François Chénier, dans le rôle-titre, pouvait compter sur une distribution chevronnée pour l’épauler dans chacune des scènes que comportait ce spectacle coécrit par Pierre Huet et Louis Saia.
Afin d’aborder plus en profondeur la portée de la pièce, notre équipe a eu l’occasion de s’entretenir avec François Chénier, Martin Héroux qui campait quant à lui le rôle mémorable d’Éphrem et Patrice Coquereau, interprète d’Oscar Bellemare.
François Chénier
Qu’est-ce que cela te fait d’interpréter le rôle de Symphorien ?
C’est une chance extraordinaire ! Moi, Symphorien, ce n’était pas mon idole. Par contre, Gilles Latulippe était une idole pour moi. Alors, de pouvoir jouer un rôle qu’il a joué, c’est une grande chance pour moi. Et, même s’il n’était plus de ce monde, j’ai essayé de lui parler tout au long de la création de la pièce. Comme c’est quelqu’un que j’admirais beaucoup, le travail a été plus facile.
Comment t’es-tu préparé pour incarner ce rôle-là ?
En fait, je ne voulais pas regarder trop d’épisodes de Symphorien, car je ne voulais pas faire une copie non plus. J’en avais vu quand j’étais plus jeune, c’est sûr, mais, moi, j’ai essayé d’apporter la musicalité de Gilles Latulippe à mon jeu. En ce sens, j’ai essayé de rendre un delivery qui ressemblait à la manière dont lui, il sonnait, c’est-à-dire sa petite chanson. On a tous notre chanson comme acteur, ce n’est pas vraiment une chanson, mais c’est comme une musique. Aussi, j’ai tellement écouté Les démons du midi quand j’étais dans la vingtaine et c’est lui qui l’animait. Il faisait des sketchs et, pour moi, ç’a été une vraie école de comédie. Donc, c’est là que je me suis préparé il y a bien des années sans le savoir.
Quel serait le moment qui t’a le plus marqué en deux ans ?
C’est la première représentation qui m’a marqué. Elle avait lieu au Théâtre du Vieux-Terrebonne, devant 800 personnes. Ça, c’était le vrai test. La femme de monsieur Latulippe était présente, son garçon aussi. C’était un gros stress, même Claude Meunier était là. Quand ils nous ont donné le GO, c’est-à-dire quand ils ont confirmé que oui, ça marchait et qu’on avait réussi notre travail, j’ai même pris une marche dans le parc avec la femme de monsieur Latulippe, alors, ça, ç’a été un grand soulagement pour moi. Je savais que le show allait marcher.
Crois-tu que jouer dans cette pièce aura ajouté quelque chose à ta carrière d’acteur ?
Oui, c’est la première fois que je joue un rôle-titre, c’est-à-dire que j’ai toujours joué de premiers rôles, mais pas LE premier rôle. Ça veut dire que pour la première fois, je suis le lead et si ça ne marche pas, c’est un peu de ma faute qu’on le veuille ou non. Ça vient avec une pression que je n’avais jamais vraiment eue. Ça s’est cependant bien passé, mais c’était nouveau pour moi. Je suis bien avec ça et très heureux d’avoir eu comme premier rôle celui de Symphorien. J’ai été chanceux.
Martin Héroux
Comment te sens-tu d’avoir participé à ce projet-là pendant deux ans ?
C’est un grand privilège. On le dit souvent en entrevue, mais c’est vrai. Pouvoir rejouer ce type de théâtre là, le théâtre burlesque qui est un peu oublié aujourd’hui, mais qui est quand même l’ancêtre et le fondateur de tout ce qui s’appelle « humour » aujourd’hui, nous sommes très privilégiés. Faire revivre ces personnages-là que les gens ont beaucoup aimés dans les années 1970 et 1980, c’est un grand privilège de faire ça. Nous sommes très chanceux.
À l’approche de la fin de ce projet, comment vois-tu cet arrêt ?
C’est un peu normal, ça dépend des producteurs. On a fait quand même deux ans, ce qui est assez rare au Québec. Continuer une pièce pendant deux ans, il n’y a pas beaucoup de théâtres qui font ça, mais ça fonctionne bien et ça a son public encore beaucoup. Oui, les gens qui ont vu ça à l’époque, mais les plus jeunes aussi qui découvrent cet univers. Je crois que ça va attendre un an ou deux et qu’on va ressortir avec un autre projet. Pas la même pièce, mais probablement quelque chose d’autre dans le même style, on ne le sait pas encore. On aimerait bien ça, c’est sûr, car c’est quelque chose de fort intéressant et l’équipe avec laquelle on joue est excellente. On a beaucoup de plaisir ensemble. C’est le but aussi. Si nous, on a du fun, le public va en avoir, donc c’est vraiment plaisant.
Comment as-tu trouvé le fait de jouer dans une pièce de théâtre qui a réuni entre autres Louis Saia, Pierre Huet et Pierre Séguin ?
C’était plaisant, évidemment. J’ai souvent travaillé avec de grands metteurs en scène et tout ça, dont Denise [Filiatreault], mais Louis Saia, c’est quand même une pointure énorme en comédie au Québec depuis toujours. J’ai donc été élevé avec ses projets et j’adore ça, alors travailler avec lui, effectivement, il sait comment ça fonctionne. Il a un regard assez pénétrant sur les choses, puis il comprend très bien la mécanique de la comédie. Alors, on était en voiture avec lui sans problème. Pierre Huet, je ne le connaissais pas personnellement, mais c’est quand même le créateur de la majorité des chansons de Beau dommage et d’Offenbach, donc c’est un homme super intéressant et bien drôle aussi. C’était vraiment une belle équipe avec laquelle travailler.
Patrice Coquereau
Comment vois-tu la fin de Symphorien qui approche ?
J’ose espérer que ce n’est pas la fin. Ça, c’est honnête. Cela dit, je suis très lucide et conscient qu’on a été très, très choyés depuis deux ans. On a fait le tour du Québec de long en large, donc, compte tenu de tout ça, je prends la pleine mesure de la possibilité que ce soit complètement terminé, mais j’ose espérer qu’il y ait une fenêtre d’ouverture pour la suite.
Dans le meilleur des mondes, quelle serait cette fenêtre d’ouverture ?
Une reprise dans un an et demi, parce que j’adore la gang, j’aime le show et il y a aussi une suite à l’histoire. Alors, pourquoi pas !
Qu’as-tu le plus retenu de ton expérience en deux ans ?
La complicité, la collégialité, l’humour et l’amour de mes collègues. Ça, c’est très, très précieux. Ça, c’est hyper important dans ma vie. C’est fondamental même, je dirais.
Depuis le début, la pièce rencontre un franc succès. T’attendais-tu à cela ?
Je m’attendais à un succès, honnêtement. Sans être prétentieux, je m’attendais à un succès. À ce point-là, par contre ? Pas du tout ! C’est énorme. À Québec, on y retourne quatre fois. On a joué 11 fois à Québec dans d’immenses salles. On a même fait le tour du Québec au complet et c’est hallucinant.
Quant à leurs projets respectifs, François Chénier fait « en ce moment, le texte et la mise en scène au Théâtre des Hirondelles pour la pièce Croisière en Eaux troubles », elle joue actuellement et ça se passe bien. Il est heureux du résultat. « Il y a aussi Symphorien qui revient, puis la mise en scène et le texte du spectacle de Michel Charrette dont le rodage commencera au mois d’août. » Les deux hommes collaborent là-dessus. Martin Héroux, lui, est « en exposition à Montréal. [Il] expose [ses] peintures, les Don Quichottes [qu’il fait] depuis des années. Sinon, cet été, il va y avoir quelques tournages pour de petits courts-métrages. » Enfin, Patrice Coquereau travaille sur ce qu’il qualifie de « belle aventure » soit son solo de théâtre. Le public pourra également le retrouver éventuellement dans un solo d’humour.
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