Six degrés : une ultime saison lumineuse
Laurie Mongrain
3/26/2023
L’attachante dramatique de Simon Boulerice, Six degrés, se conclut sur la troisième et ultime saison, dont les tournages viennent tout juste de prendre fin. Elle comprend 13 épisodes de 30 minutes qui prendront l’affiche en juin prochain sur ICI TOU.TV EXTRA.


Florence Parsah : Réapprendre à vivre


Lorsque la saison s’ouvre, Florence, incarnée brillamment par Marine Johnson, s’apprête à recevoir une greffe de poumons. Telle que l’affirme l’auteur, l’opération de cette dernière ébranlera Léon, le personnage principal que nous suivons depuis 26 épisodes déjà. « Son premier bouleversement de la saison, c’est que sa meilleure amie Florence va avoir une greffe. Donc, si la saison 2 s’était conclue avec une greffe qui n’avait pas fonctionné parce qu’on avait refusé à la toute fin, la 3e trois mois plus tard. » Peu de temps avant le retour en classe, elle sort de l’hôpital sur une note positive : c’est une réussite. « On est au mois d’août, un peu avant la rentrée scolaire en cinquième secondaire pour Léon et Florence, puis Florence a sa greffe, confirme Simon. Cette fois-ci, elle fonctionne ! » Elle apprendra à respirer autrement dans son nouvel appartement voisin des Fournier-Espinoza. « C’est une espèce de rééducation pour Florence d’avoir une greffe puis d’avoir de nouveaux poumons. Ce que ça implique ; de redécouvrir son souffle. »
Léon Forest : Entre amour et écriture


Pour Léon, cette saison s’en avérera une de consolidation. Tiraillé entre son désir d’être là pour sa meilleure amie et le lancement de son tout premier roman, il sera divisé en deux. Psychologiquement. Ce livre lui fera vivre des montagnes russes émotionnelles, car si c’est une chose de sortir du lot dans une école de 500 élèves, c’en est une autre d’émerger dans une rentrée littéraire parmi de grandes pointures. L’auteur de la série nous a dévoilé que ce personnage interprété par Noah Parker « a quelques appréhensions, mais s’attend à ce que ce soit merveilleusement bien reçu. » Malheureusement pour lui « ça ne sera peut-être pas la réaction souhaitée au départ. » Alors, la réception du livre qu’il imaginait au départ être chose glorifiante, sera en fait un immense exercice d’humilité. « Ça va évidemment le bouleverser. » Comme toujours, Antoine, le personnage de Simon Boulerice, l’appuie dans ses démarches. Il lui servira donc de support moral. En effet, le rôle qu’il jouera dans le développement de Léon sera primordial « Antoine, le professeur, est rendu en secondaire cinq. Il est très présent pour Léon. Il est très, très présent, puisqu’il assure la direction littéraire de son roman. Comme la réaction ne sera pas idéale, du moins, selon les attentes de Léon, il va être présent pour en prendre soin et le raisonner le plus possible, nous a révélé le principal intéressé. Il a un côté très grand frère, très paternel, envers lui. »
Il trouvera même l’amour, poursuit Simon. « Pour Léon, je parlais du roman, mais il va également avoir une histoire d’amour. Il va découvrir quelqu’un à travers un enregistrement de son roman audio, quelqu’un avec qui ça va cliquer. » De son côté, l’interprète appuie ses propos, ajoutant que son personnage fera des bonds de géant. « Il va rencontrer une nouvelle flamme amoureuse. Vraiment, Léon traversera une saison de maturité puis de libération. On trouve en fait un coming of age, quelqu’un qui passe enfin de l’âge d’adolescence à un adulte. » Il part à la recherche de qui il est. « Dans la troisième saison, il va apprendre à se découvrir lui-même, confirme Noah. Il va passer plus de temps à se demander s’il est bien, s’il feel vraiment. D’ailleurs, il va peut-être rencontrer un psychologue. » Déterminé à tourner la page et à savourer chaque instant que la vie lui offre, il réduira considérablement la place qu’il accorde à la perte de sa mère. « Je pense que c’est une saison où il a finalement un peu fait le deuil de sa mère. Il va donc pouvoir mettre un terme à tout son côté maniaque de recherches, puis de vouloir en savoir beaucoup sur sa mère ; savoir tout ce qui s’est passé dans sa vie avant, parce qu’il a tellement été mis à part. » Alors, nous nous doutons qu’il ressentira un puissant soulagement.
Doris et Ricardo : Poursuivre ses objectifs


Ricardo, lui, va renouer avec son paternel « Il va rencontrer son père biologique ! Dans la première saison, il voulait le retrouver, mais le père n’était pas intéressé, rappelle Simon. Dans la saison trois, c’est l’inverse. Le père, Dave Smith, veut retrouver Ricardo, mais lui, il ne veut pas. Il considère que son moment est passé, qu’il est rendu ailleurs. Il ne veut plus le rencontrer. Mais, finalement, ils vont se retrouver malgré tout. » Ce changement impactera ses proches, bien qu’il aurait espéré le scénario inverse. « Ça va créer des séismes dans la famille évidemment. » Et ce, particulièrement pour Julietta pour qui le retour de son ancien partenaire fera remonter à la surface des souvenirs. « Les retrouvailles pour Julietta aussi ; de ravoir son ex comme ça qui débarque. » Le couple qu’elle forme avec Francis en subira également les contrecoups. « Pour Francis aussi, le père adoptif. Ça va le bouleverser lui aussi, donc ça aussi, c’est important. » En ce qui concerne Doris, elle a de grandes aspirations scolaires : « elle a envie de performer, de recevoir la médaille du gouverneur pour conclure sa cinquième secondaire. » Ainsi, elle déploie son énergie afin de parvenir à ses fins.
Bélinda : Un nouveau projet de balado


Quant à Bélinda (Evelyne Laferrière), elle prend une pause des réseaux sociaux et du culte de l’image de soi. « Elle va vouloir se retirer un peu plus de la vie publique. En tout cas, des réseaux sociaux. Avant, Bélinda était beaucoup dans l’image, elle incarnait beaucoup l’image anti-grossophobie. » Soutenue par son précieux Henri (Karl-Antoine Suprice), elle s’en remet à son projet de balado pour véhiculer les rencontres qui lui sont chères. « Son chum, Henri, est toujours là dans le portrait, puis il lui propose de faire un balado pour sortir un peu de l’image tout le temps ; d’aller plus juste dans les mots. Elle va faire ça, nous confirme l’auteur du projet. »
Entrevues Simon Boulerice et Noah Parker


Comment te sens-tu de boucler la boucle d’un tel projet ?
Simon : Ça me fait plaisir de le boucler, surtout que je l’avais conçu en trois saisons. En amont, je l’avais perçu comme ça. Dans la bible, ce qu’on appelle la bible initiale, je l’avais écrit : « saison 2 » et « saison 3 ». Je m’étais éloigné de tout ça dans la saison deux, mais j’y suis revenu. J’ai relu dernièrement, puis j’ai fait : « Oh, ça ressemble un peu à ce que j’avais prévu au départ ! » Donc, j’ai pris beaucoup de liberté évidemment, parce que dans l’écriture, tu te laisses porter. Mais, je me sens heureux. Pour moi, c’est un deuil qui est serein, parce qu’il y a d’autres choses qui viendront. J’ai terminé aussi Cette année-là, une émission que j’ai faite pendant cinq ans. Je viens de terminer la semaine passée. Ce sont deux deuils qui se tressent ensemble, puis je me sens serein là-dedans. Complètement.
Noah : Ça a été un trois ans de ma vie, trois super belles années. Ça, c’est sûr. Sûr et certain. Comment est-ce que je me sens ? Je ne vis pas encore le deuil en ce moment, parce que, techniquement, je m’en vais encore tourner des scènes tantôt (rires). Donc je n’ai pas encore vécu le deuil, mais je pense que, quand la série va sortir, puis que je vais voir la série, je vais faire comme : « Je ne jouerai plus jamais Léon ». C’est là où ça va vraiment venir me toucher, parce que c’était tellement une belle équipe. Thomas [Soto], le nouveau réalisateur. Hervé [Baillargeon], saison un et saison deux. Simon [Boulerice]. Tous les acteurs, on formait vraiment une équipe formidable. Il y avait tellement une bonne vibe sur le plateau.
Comme un esprit de famille…
N : Oui, complètement ! Puis, je pense qu’il fallait ça pour jouer une famille. Surtout après trois années, on est devenus plus proches. Moi, j’ai commencé à 20 ans, j’ai 24 ans. C’est quatre ans de ma vie, une grande période significative. Et même pour ma carrière, avant et après Six degrés, c’est un avant et après. Un autre monde. Ce personnage-là m’a tellement apporté de choses, autant professionnellement que dans ma vie personnelle. Il m’a appris à vraiment approfondir ma recherche de personnage. Ce n’est pas un personnage évident à jouer. Il faut que je représente quand même une communauté malvoyante, donc il ne faut pas que je botche. Il ne faut rien que je prenne à la légère. Ça m’a appris une éthique de travail, mais un peu. Maintenant, quand je me fais offrir un personnage ou quand j’ai la chance d’interpréter un personnage, je pense que je mets beaucoup plus de temps, de recherche et de travail de table. Cette éthique-là, je l’ai eue grâce à Six degrés, aux gens qui ont cru en moi et aux beaux textes, comme ceux de Simon. Bref, c’est une grosse étape de ma vie, puis il va définitivement y avoir un avant et un après. C’est bizarre (rires) !


De quoi es-tu le plus fier en lien avec Six degrés ?
S : Ma plus grande fierté, c’est de la voir évidemment, comme c’est ma première série, s’incarner et de la voir dans la durée. Je suis fier d’avoir vu les comédiens évoluer, vieillir sous mes yeux. À l’écran, c’est deux ans, mais ça aura été plus que ça. En tout, c’est quatre ans de ma vie. J’ai commencé à l’écrire un an avant la pandémie, donc ça a été quatre ans de ma vie ce projet-là. Quatre belles années vraiment, donc ça s’est avéré très, très fondateur. Pour moi, c’est un projet qui est fondateur.
N : Ma plus grande fierté, c’est sûrement d’avoir été capable d’avoir une vraie connexion pendant que je jouais avec mes compagnons, mes collègues de travail. D’avoir le feeling qu’on a vraiment bien travaillé puis qu’on a vécu une scène à 100 % et qu’il n’y aurait pas eu d’autres manières de la faire. On l’a vécue à 100 %. C’est ça ma plus grande fierté, puis c’est arrivé souvent des moments comme ceux-là sur ce plateau-là. Je pense qu’on peut être fier d’avoir vécu souvent ces moments-là, parce que cette magie-là, entre deux comédiens qui font une scène, ça n’arrive pas tout le temps. On l’a tellement vécu beaucoup, alors, ça, c’est assez le fun.
Quel serait ton plus beau moment de tournage depuis le tout début ?
S : Mes plus beaux souvenirs de tournage, je me demande si je ne suis pas en train de les vivre présentement, parce que c’est la dernière journée et je joue. Les autres années, j’étais beaucoup là au début. On commençait à tourner tout le temps au mois de mars, donc on tournait, comme je suis le professeur, pendant la semaine de relâche, afin que je puisse avoir l’école. C’est plus stressant quand on commence un tournage, mais le terminer, on dirait que nous sommes portés par toute la saison. Donc, je dirais que ces jours-cis, j’ai fait trois jours de tournage d’affilée puis j’en ai fait beaucoup. J’avais onze jours de tournage, ce qui est quand même plus que les autres années. J’ai l’impression que je les ai plus vécus cette année. Aussi, moi, en tant que professeur, devant la classe, je me sens plus professeur (rires). J’ai l’impression que les choses se sont vraiment déposées. Je connais plus mon personnage, et les personnages en général. Les relations sont belles, j’aime les acteurs. Je les trouve touchants, on se fait rire. Je dirais que c’est pas mal, pour moi, les moments de grâce, je les vis cette semaine.


Outre Six degrés, quels sont tes projets ?
S : Je dirais que je traverse un petit moment d’accalmie. J’ai fait beaucoup de tournages avec tout ça, mais là, j’ai une petite accalmie puis ça va me faire du bien, je pense. C’est de l’écriture, de l’écriture sur des projets qui sont en développement, donc je ne suis pas avancé tant que ça sur mes autres projets. J’ai comme eu deux années très, très chargées avec Chouchou, puis après ça, j’ai écrit la saison trois. Ça a été très accaparant, là, c’est un peu plus calme. Quoique, je dis ça, mais ça ne le sera finalement peut-être pas (rires) ! J’aurai peut-être des projets surprises, mais en ce moment, il y a Autonome qui est actuellement diffusé. Tout ça a été tourné, puis là, j’ai comme un hiver, du moins, un printemps qui s’annonce un peu plus relax que d’habitude. Je vais en profiter… Pour écrire probablement, mais bon. Moi, j’aime ça. J’aime l’écriture, puis je trouve qu’il me manquait du temps pour écrire dans les derniers mois.
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